- TECTONIQUE PROFONDE
- TECTONIQUE PROFONDETECTONIQUE PROFONDEAspect particulier de la tectonique de socle telle qu’elle peut être analysée au niveau des socles métamorphiques profondément érodés, donc accessibles aux investigations des géologues. Dans ce cas, il est fréquent que l’on puisse décrire, déformant les gneiss, des plis couchés de grande amplitude, en général plurikilométriques, superposés les uns aux autres. Il en est ainsi en Écosse, dans la partie des Alpes suisses dites pennines (d’où le nom de plis penniques donné à ces structures), dans le bouclier baltique, en Norvège méridionale, en Afrique. En Norvège méridionale, trois phases de déformation souple se sont succédé. Les deux premières phases sont représentées par des plis couchés plurikilométriques, dont les axes sont orthogonaux. Entre ces deux phases se sont mis en place de façon intrusive des gabbros et des roches que l’on peut rattacher principalement à la famille des anorthosites et de leur cortège. Ces roches ont été déformées, en partie au moins (acquisition de la structure gneissique), au cours de la deuxième phase de déformation plicative. La troisième phase de déformation, souple (antiforme et synforme), a resserré, en partie seulement, les structures érigées au cours des phases précédentes. Cette troisième phase, très probablement contemporaine d’un charriage cisaillant, voire liée directement à lui, peut, localement, être intense, au point de rendre les structures antérieures, en plis couchés, difficiles à déchiffrer; mais son extension dans l’espace est faible. Toutes ces déformations, souples ou cassantes, se sont déroulées dans des conditions de température et pression très élevées, réalisant un climat métamorphique catazonal, accompagnées par des intrusions acides (granitiques) ou basiques (anorthosites, gabbros).Cet édifice une fois constitué, son devenir peut être intéressant à considérer dans une orogenèse ultérieure, au cas où prévalent les mêmes conditions ou bien des conditions voisines de température, de pression et de profondeur. On remarque alors que c’est très probablement la pauvreté en eau qui bloque la fusion partielle ou totale d’un bâti déjà métamorphique, métamorphisé et déformé à nouveau. Certaines roches de la catazone, comme les granulites massives ou les anorthoses et leur cortège, semblent résister assez bien à la pénétration des fluides, parce qu’elles contiennent très peu d’eau, que leur texture est massive et que l’anisotropie de structure y est faiblement développée. Cette relative résistance favorise, au sein de bâtis réjuvénés, la persistance des modèles de déformation anciens et des associations ou paragenèses minérales anciennes, sans lesquels il n’est pas de reconstitution possible de l’histoire des chaînes de montagnes. Entre ces «môles» résistants, les roches sont complètement réorganisées, à la fois par la perte de leurs structures et l’acquisition de nouvelles et par un changement de minéralogie avec ou sans changement de composition chimique (apport de matières telles que potasse, silice, etc.). Cette réorganisation peut prendre place à l’échelle de la région ou de l’affleurement, comme le montrent de nombreux restats, tels que des roches basiques non modifiées avec leur structure ignée originelle, entourées par des gneiss acides, fortement déformés et métamorphisés.Il semblerait même qu’à l’intérieur des socles réjuvénés la quantité de roches non transformées par le cycle nouveau augmenterait avec la profondeur, bien que les conditions de pression et de température soient de degré catazonal. Ce phénomène, inattendu, pourrait s’expliquer par la pauvreté ou même l’inexistence des fluides disponibles.
Encyclopédie Universelle. 2012.